top of page

Détecter et traiter le strabisme chez votre bébé

I. Manifestations Cliniques Précoces : Le Cas Particulier

Avant d'aborder le strabisme de manière générale, il est crucial de se pencher sur les signes spécifiques observables chez le nouveau-né. Le strabisme, ou louchage, se caractérise par un défaut d'alignement des axes visuels. Chez un nourrisson, il peut être difficile à détecter, car les bébés ne fixent pas toujours les objets de manière stable. Cependant, certains signes doivent alerter les parents et les professionnels de santé :

  • Déviation oculaire manifeste : Un œil qui regarde dans une direction différente de l'autre, perceptible même à distance.
  • Difficulté à suivre un objet du regard : L'enfant semble avoir du mal à fixer un objet et son regard "saute" ou se déplace de manière incoordonnée.
  • Torticolis : Une position anormale de la tête, souvent associée à une tentative de compensation du strabisme.
  • Photophobie : Sensibilité accrue à la lumière, potentiellement liée à une anomalie de la réfraction ou à une irritation oculaire secondaire.
  • Absence de réaction de convergence : Lorsque l'on rapproche un objet du visage de l'enfant, les yeux devraient normalement converger. L'absence de cette réaction peut être un signe d'alerte.

Il est important de souligner que la présence occasionnelle d'un léger strabisme intermittent chez les nourrissons de moins de 3 mois peut être physiologique et disparaître spontanément. Cependant, toute déviation persistante ou importante nécessite une consultation ophtalmologique rapide.

II; Diagnostic Différentiel et Investigations Complémentaires

Le diagnostic du strabisme chez le nouveau-né nécessite une approche rigoureuse, incluant l'examen clinique et des investigations complémentaires. Il est essentiel d'éliminer d'autres pathologies pouvant mimer un strabisme, telles que :

  • Ptosis palpébrale : Chute de la paupière supérieure, pouvant masquer une déviation oculaire.
  • Paralysie oculomotrice : Atteinte des nerfs crâniens contrôlant les muscles oculaires.
  • Anomalies réfractives importantes : Hypermétropie, myopie ou astigmatisme sévères peuvent entraîner un strabisme accommodatif.
  • Troubles neurologiques : Certaines affections neurologiques peuvent se manifester par des troubles de la motilité oculaire.

Les examens complémentaires peuvent comprendre :

  • Test de couverture : Permet d'évaluer la présence et le type de strabisme.
  • Réfraction : Mesure de la puissance de réfraction de l'œil pour détecter les anomalies réfractives.
  • Examen du fond d'œil : Observation de la rétine et du nerf optique pour rechercher des anomalies.
  • Électro-oculogramme (EOG) : Enregistrement de l'activité électrique des muscles oculaires.
  • Imagerie cérébrale (IRM ou scanner) : Dans certains cas, pour rechercher des lésions cérébrales.

III. Types de Strabisme et Conséquences à Long Terme

Le strabisme peut être classé en fonction de plusieurs critères, notamment la direction de la déviation (convergent, divergent, vertical), l'âge d'apparition, et le type de déviation (constant, intermittent, paralytique). Un strabisme non corrigé peut avoir des conséquences graves à long terme, notamment :

  • Amblyopie (œil paresseux) : Diminution de l'acuité visuelle d'un œil en raison d'une privation sensorielle.
  • Diplopie (vision double) : Perception de deux images distinctes.
  • Difficultés de la vision binoculaire (stéréopsie) : Difficulté à percevoir la profondeur et le relief.
  • Problèmes d'apprentissage : Des difficultés de lecture et de concentration peuvent survenir chez les enfants atteints de strabisme non corrigé.
  • Impact psychosocial : L'apparence physique liée au strabisme peut affecter l'estime de soi et les relations sociales.

IV. Traitement du Strabisme chez le Nouveau-né

Le traitement du strabisme chez le nouveau-né vise à corriger la déviation oculaire et à prévenir les complications à long terme. Il est souvent multidisciplinaire et peut inclure :

  • Correction des anomalies réfractives : L'utilisation de lunettes correctrices est souvent nécessaire pour réduire le strabisme accommodatif.
  • Orthoptie : Rééducation visuelle par des exercices spécifiques visant à améliorer la coordination oculo-motrice et la vision binoculaire.
  • Chirurgie : Dans certains cas, une intervention chirurgicale est nécessaire pour corriger la déviation musculaire. Elle vise à rétablir l'équilibre des muscles oculaires et à améliorer l'alignement des yeux.
  • Occlusion de l'œil sain : Cette technique consiste à couvrir l'œil sain afin de stimuler le développement de l'œil amblyope. Son utilisation doit être strictement encadrée par un ophtalmologiste.
  • Suivi régulier : Un suivi ophtalmologique régulier est essentiel pour évaluer l'efficacité du traitement et adapter la prise en charge.

V. Prévention et Dépistage Précoce

Un dépistage précoce du strabisme est crucial pour optimiser les chances de succès du traitement. Le dépistage néonatal, effectué par le pédiatre ou la sage-femme, est important. Toutefois, une surveillance attentive des parents reste primordiale. Bien qu'il n'existe pas de prévention spécifique au strabisme, une bonne santé visuelle globale est essentielle. Ceci inclut une alimentation équilibrée et un environnement visuel stimulant.

VI. Conclusion : Une Approche Globale et Personnalisée

Le strabisme chez le nouveau-né est une affection complexe nécessitant une prise en charge multidisciplinaire et individualisée. Une collaboration étroite entre les parents, le pédiatre, l'ophtalmologiste et l'orthoptiste est fondamentale pour assurer le meilleur pronostic visuel et psychosocial pour l'enfant. Le dépistage précoce et une intervention rapide sont essentiels pour prévenir les complications à long terme et permettre à l'enfant de développer une vision binoculaire normale.

Il est important de rappeler que cet article a pour but d’informer et ne se substitue en aucun cas à un avis médical. Toute suspicion de strabisme chez un nouveau-né doit conduire à une consultation ophtalmologique.

Mots clés:

Similaire:

bottom of page