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Saignements post-partum : quand s'inquiéter et que faire ?

I. Cas particuliers : hémorragies post-partum immédiates et tardives

A. Hémorragie post-partum immédiate (HPP) : les premières heures

L'hémorragie post-partum immédiate, survenant dans les 24 premières heures suivant l'accouchement, est une complication grave qui nécessite une intervention rapide. Plusieurs facteurs peuvent être en cause, souvent interconnectés. Un cas particulier est la rétention de débris placentaires : le placenta ne s'est pas détaché complètement, laissant des fragments dans l'utérus, provoquant une hémorragie par saignement continu. Un autre cas courant est l'atonie utérine : l'utérus ne se contracte pas efficacement, empêchant la fermeture des vaisseaux sanguins et entraînant une perte de sang importante. Des déchirures du col de l'utérus, du vagin ou du périnée, bien que moins fréquentes, peuvent également être à l'origine d'une HPP. Ces déchirures, parfois difficiles à identifier immédiatement, peuvent nécessiter des points de suture. Enfin, des troubles de la coagulation peuvent aggraver l'hémorragie en ralentissant la formation de caillots sanguins.

Traitement : Le traitement de l'HPP est urgent et dépend de la cause. L'atonie utérine est souvent traitée par des massages utérins, des médicaments oxytociques (comme l'ocytocine) pour stimuler les contractions utérines, et, dans les cas graves, une intervention chirurgicale (embolisation utérine ou hystérectomie). La rétention placentaire nécessite une exploration manuelle de la cavité utérine pour retirer les débris restants. Les déchirures sont suturées. En cas de troubles de la coagulation, un traitement spécifique est mis en place.

B. Hémorragie post-partum tardive (HPP tardive) : au-delà des 24 heures

L'hémorragie post-partum tardive, survenant entre le deuxième jour et les six semaines suivant l'accouchement, peut être due à des causes différentes de l'HPP immédiate. Une infection de l'endomètre (endometrite post-partum), une rétention de débris placentaires non diagnostiquée initialement, ou une thrombose veineuse peuvent être en cause. Des facteurs comme l'utilisation de certains médicaments anticoagulants, ou des troubles de la coagulation non diagnostiqués pendant la grossesse, peuvent également être impliqués. La rétention de caillots sanguins (hématome rétroplacentaire) peut également entraîner une hémorragie tardive, souvent insidieuse et difficile à détecter rapidement.

Traitement : Le traitement de l'HPP tardive varie selon la cause. Une infection nécessite des antibiotiques. La rétention de débris placentaires requiert un curetage. Les thromboses nécessitent un traitement anticoagulant adapté. Un contrôle régulier de l'hémoglobine et de la coagulation est essentiel pour un diagnostic et une prise en charge appropriés.

II. Causes générales des saignements post-partum

Au-delà des cas particuliers, plusieurs facteurs contribuent au risque de saignements post-partum. Des antécédents de saignements abondants lors de grossesses précédentes, un accouchement difficile (utilisation de forceps ou ventouse), un accouchement par césarienne, une polyhydramnios (excès de liquide amniotique), une grossesse gémellaire ou multiple, ou un accouchement prématuré augmentent le risque. L’âge de la mère, des maladies préexistantes (comme des troubles de la coagulation ou des maladies cardiaques), le surpoids ou l’obésité sont également des facteurs de risque. De même, le tabagisme et la consommation de drogues peuvent avoir un impact négatif sur la coagulation sanguine et augmenter le risque d'hémorragie. Enfin, la durée du travail peut influencer le risque d'hémorragie, un travail prolongé augmentant la probabilité de complications;

III. Traitement général et prise en charge

La prise en charge d'un saignement post-partum commence par une évaluation minutieuse de l'état de la patiente, incluant un examen clinique complet pour identifier la source du saignement et évaluer la gravité de la situation. La surveillance de la pression artérielle, du pouls et de la quantité de sang perdue est primordiale. En fonction de la cause et de la gravité du saignement, le traitement peut inclure des massages utérins, des médicaments oxytociques (ocytocine, méthylergonovine), des agents hémostatiques (acide tranexamique), un curetage utérin, une embolisation utérine ou une hystérectomie dans les cas les plus graves. Une transfusion sanguine peut être nécessaire en cas de perte de sang importante. La surveillance post-partum est cruciale pour la détection précoce de complications possibles.

IV. Prévention des saignements post-partum

Plusieurs mesures contribuent à la prévention des saignements post-partum. Une surveillance attentive de la grossesse et de l'accouchement, une gestion appropriée du travail et de l'accouchement, et une identification et un traitement rapides de tout facteur de risque sont essentiels. L'administration d'ocytocine après l'accouchement est une pratique courante pour stimuler les contractions utérines et réduire le risque d'atonie utérine. Une bonne hydratation de la mère et une alimentation équilibrée favorisent également une bonne coagulation. La sensibilisation des professionnels de santé et des femmes enceintes aux facteurs de risque et aux signes d'alerte est capitale. Une gestion active de la troisième phase du travail, avec une attention particulière à la délivrance du placenta, permet de limiter les risques de rétention placentaire.

V. Perspectives et considérations globales

La recherche continue d'explorer de nouvelles approches pour la prévention et le traitement des saignements post-partum. Le développement de nouveaux médicaments hémostatiques, l'amélioration des techniques chirurgicales et une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques impliqués sont des axes de recherche importants. Une prise en charge multidisciplinaire, impliquant des obstétriciens, des anesthésiologistes, des hématologues et des réanimateurs, est essentielle pour optimiser la prise en charge de ces patientes. L'éducation et la sensibilisation des femmes enceintes et des professionnels de santé restent des éléments clés pour améliorer les résultats et réduire la morbidité et la mortalité maternelles liées aux saignements post-partum. Il est important de souligner que la prévention reste le meilleur outil pour lutter contre cette complication potentiellement mortelle.

Une analyse approfondie des données issues des accouchements, une amélioration des protocoles de prise en charge et un suivi post-natal rigoureux contribueront à la réduction des cas d'hémorragie post-partum et à l'amélioration de la santé maternelle.

Mots clés: #Accouche

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